
le design d’expérience
Signalétique et expérience utilisateur : pourquoi l’UX change tout
Une signalétique réussie ne se résume pas à de beaux panneaux ou à des flèches bien placées. Elle repose sur une compréhension fine de l’usager et de ses besoins réels. Trop souvent, la conception de la signalétique suit une logique purement technique ou esthétique, sans se poser la question essentielle : comment l’utilisateur va-t-il percevoir, comprendre et utiliser cette information ?
L’expérience utilisateur (UX) apporte une réponse à cette question. En appliquant ses principes à la signalétique, on ne se contente plus de “dire où aller”, on conçoit un système qui anticipe les besoins, réduit les hésitations et rend le parcours plus fluide.
Dans cet article, nous verrons comment intégrer l’UX à toutes les étapes d’un projet signalétique, depuis l’observation des comportements jusqu’aux ajustements après installation. Et si vous souhaitez creuser la dimension inclusive, je vous recommande Accessibilité et inclusivité : comment concevoir une signalétique qui parle à tous.
Qu’est-ce que l’UX appliqué à la signalétique
L’UX, ou User Experience, est une approche qui consiste à concevoir un produit, un service ou un environnement en partant de l’expérience vécue par l’utilisateur final. Dans le cas de la signalétique, il s’agit de comprendre :
-
Qui sont les usagers ?
-
Quelles sont leurs attentes ?
-
Quels obstacles rencontrent-ils dans leur parcours ?
L’UX ne se limite pas à l’aspect visuel : il englobe la compréhension cognitive, les émotions, et même les sensations physiques liées à l’utilisation de la signalétique.
En appliquant cette démarche, on évite les erreurs fréquentes comme le jargon inutile, les informations surchargées ou les panneaux placés trop haut ou trop bas.
Observer pour comprendre
La première étape consiste à observer les usagers dans leur environnement naturel. Cette phase d’analyse permet de repérer :
-
Les zones où ils hésitent ou se trompent de direction.
-
Les points où l’information est absente ou peu claire.
-
Les comportements instinctifs (par exemple, regarder à gauche plutôt qu’à droite en sortant d’un ascenseur).
Ces observations peuvent être complétées par des entretiens ou questionnaires pour mieux comprendre les attentes et les frustrations. L’objectif est d’identifier les besoins réels, qui ne sont pas toujours ceux que l’on imagine.
Intégrer l’UX dès la conception
Une fois les besoins identifiés, il faut les intégrer dès la phase de conception graphique et fonctionnelle. Cela implique de choisir des mots, des pictogrammes et des emplacements en fonction de l’usage réel, et non seulement selon un cahier des charges préétabli.
Les tests utilisateurs jouent ici un rôle crucial. Créer des prototypes de panneaux ou de plans, puis les faire tester par un panel représentatif, permet d’identifier ce qui fonctionne et ce qui doit être amélioré. Un prototype peut être aussi simple qu’une feuille imprimée accrochée à un mur, si cela permet d’évaluer la lisibilité et la compréhension.
Simplicité et cohérence : deux piliers de l’UX
En signalétique, moins il y a d’effort cognitif à fournir, plus l’expérience est réussie. La simplicité se traduit par :
-
Des messages courts et directs.
-
Des codes graphiques cohérents dans tout l’espace.
-
Une hiérarchie visuelle claire (titres, sous-titres, pictogrammes).
La cohérence est tout aussi importante. Changer de style ou de vocabulaire d’un panneau à l’autre peut dérouter l’usager. Un langage graphique homogène aide à créer un environnement où les informations sont comprises presque instinctivement.
Évaluer et ajuster après installation
L’UX ne s’arrête pas au moment où la signalétique est posée. L’observation des usagers et la collecte de retours doivent se poursuivre après la mise en place.
Cela permet :
-
De repérer les points où les usagers continuent à hésiter.
-
De vérifier la résistance et la visibilité des supports.
-
D’adapter le contenu si les usages évoluent.
Ce suivi s’inscrit dans une méthodologie de projet signalétique plus large (voir Méthodologie signalétique : les 7 étapes clés pour un projet réussi).
L’UX comme facteur d’inclusivité
L’expérience utilisateur et l’accessibilité vont souvent de pair. Une signalétique pensée selon les principes de l’UX est naturellement plus inclusive, car elle prend en compte la diversité des profils et des besoins.
Par exemple :
-
Un panneau avec un texte court et un pictogramme clair aidera autant une personne pressée qu’un visiteur qui ne lit pas la langue.
-
Des couleurs contrastées profiteront autant aux malvoyants qu’aux usagers dans un environnement mal éclairé.
Ainsi, intégrer l’UX, c’est aussi répondre aux exigences vues dans Accessibilité et inclusivité : comment concevoir une signalétique qui parle à tous.
Mettre l’usager au centre de la conception signalétique transforme profondément le résultat final. L’UX permet de créer des systèmes plus clairs, plus efficaces et plus agréables à utiliser, tout en renforçant l’inclusivité.
Cela demande d’observer, de tester et d’ajuster en continu, plutôt que de se limiter à un design figé. C’est une démarche vivante, où la signalétique évolue avec les usages.
Pour découvrir comment impliquer concrètement toutes les parties prenantes dans cette démarche, je vous invite à lire Co-créer la signalétique : les méthodes collaboratives qui fonctionnent.
Leave a Reply